De: Frederic Sourgen <fsourgen_pas_spam@club-internet.fr>
Objet: France Culture/ S. Tisseron/ Photo et inconscient
Date : mercredi 16 juin 1999 05:54
Il y avait sur France Culture lundi soir Serge Tisseron parlant
de son livre Le mystère de la chambre claire. Photographie
et
inconscient (Flammarion, Champs). Voilà quelques bribes,
peut être
évidentes pour certains, mes excuses à l'auteur
pour les
erreurs de transcription/compréhension :)
Le déclenchement: Parmi les photos prises, beaucoup ne sont
pas
développées, retirées au magasin de
développement, ou regardées.
L'angoisse de voir l'échec de ce qu'on a essayé
notamment (+d'autres
raison, pas noté) Le déclenchement est il pour
autant inutile?
Non, il est l'acte par lequel on s'oblige à voir autrement
ce
qui nous entoure, que l'on cotoie sans y faire attention; il
parle du vu-suel: voir autrement l'environnement habituel. Isoler
des détails.
Le développement: par bien des côtés,
la technique
photographique, enfermer, capter une image d'abord, pour la
développer
ensuite, est proche de la pensée. La photo s'apparente
à la
fabrication de souvenirs interiorisés, mûris, puis
que l'on espère
socialiser. (a t il voulu dire qu'inconsciemment toute photo est
conçue comme l'espoir d'un lien avec les autres? que 'faire
de
la photo pour soi' n'a pas de sens? ou bien que ça a du sens
dans la mesure où la relation aux autres nous profite?)
Bref, la
capture de l'image, la prédation, n'est qu'un premier temps.
Un
premier pas vers l'expérience de partage, qui est une
renaissance (puisque les autres apportent leur sens à
l'image d'ou
discussion d'ou evolution?). Donc la photo ne tue pas
(prédation)
comme le dit Barthes.
En fait Tisseron est plus modéré: il dit que la
pensée de
Barthes (la photo, la capture, est acte morbide, d'après ce
que
je comprends) n'était pas achevée dans l'esprit
même de
Barthes, mais que ses disciples la présentent comme telle,
à
tort. Quid de ce chronophotographe (?) français qui note
scrupleusement longitude latitude, heure et date? le moment
photographié est passé, le paysage
photographié est 'mort' il
ne sera plus jamais comme sur cette photo.
Le numérique: en voyant tout de suite l'image, on
élimine le
processus de développement, le mûrissement des
souvenirs (?)
Sur le flou: Dans l'histoire récente, le flou se
développe dans
la pensée scientifique, technique; la photo n'y
échappe pas, n'est
pas singulière par rapport au flou. On tolère
plus l'erreur.
Son discours semblait général, mais j'ai du mal
comprendre, il
semble au contraire qu'on tolère beaucoup moins l'erreur, en
hygiène alimentaire, pannes de Win95...) Ou bien segmentait
il
le monde entre 0 défaut et flou? en quoi cette segmentation
est
elle nouvelle? et puis la photo garde sa précision de
l'exposition
des diapos au 1/3 de diaph etc...:)
Le but de la photo: Le rêve d'avoir un reflet juste de soi
s'effondre,
la photo est un acte subjectif, d'interprétation.
Aujourd'hui,
la photo est populaire, le soi est bien documenté, pas
besoin de
se rassurer. (mais est ce qu'il ne confond pas la quantité
de
documents représentant le soi et leur qualité?)
On veut autre
chose que soi. Le numérique intervient là aussi:
effet immédiat
sur nous de l'image.
Il y avait des choses intéressantes aussi sur le mouvement
des
choses photographiées vers soi, sur l'idée
répandue à une époque
qu'il ne fallait pas regarder trop longtemps la photo d'un
personnage pris de face, yeux fixant le spectateur, de peur que
ces yeux ne nous percent (de même que certaines personnes
avaient peur de se laisser photographier de peur de se voir
dérober
un peu d'eux pas la caméra)
Voila, le bouquin a l'air riche, le bonhomme fait de la photo et
organise des rencontres photographiques, yapluka lire la VO! :)
De: Patrick Smith <patricksmith@wanadoo.fr>
Objet: Re: France Culture/ S. Tisseron/ Photo et inconscient
Date : mercredi 16 juin 1999 09:23
Frederic Sourgen <fsourgen_pas_spam@club-internet.fr>
wrote:
> Il y avait sur France Culture lundi soir Serge Tisseron
parlant de son livre Le mystère de la chambre claire.
Photographie et inconscient (Flammarion, Champs).
(snip)
> Sur le flou: Dans l'histoire récente, le flou se
développe
dans la
> pensée scientifique, technique; la photo n'y
échappe pas,
n'est pas
> singulière par rapport au flou. On
tolère plus l'erreur.
Son discours
> semblait général, mais j'ai du mal
comprendre, il semble
au contraire
> qu'on tolère beaucoup moins l'erreur, en
hygiène
alimentaire, pannes de
> Win95...) Ou bien segmentait il le monde entre 0
défaut et
flou? en quoi
> cette segmentation est elle nouvelle? et puis la photo garde
sa
> précision de l'exposition des diapos au 1/3 de
diaph etc...:)
Je pense qu'il voulait dire que nous acceptons aujourd'hui de ne
plus avoir de certitudes. Il y a 30 ans, les "experts"
étaient sûrs qu'en l'an 2000 la plupart des
maladies seraient
guéries et que les hommes seraient tous frères...
Nous savons désormais que le volume de ce que nous ne
connaissons pas est supérieur à ce que nous
connaissons :
aurions-nous gagné en sagesse et humilité ?
> Le but de la photo: Le rêve d'avoir un reflet juste
de soi
s'effondre,
> la photo est un acte subjectif, d'interprétation.
Aujourd'hui,
la photo
> est populaire, le soi est bien documenté, pas
besoin de se
rassurer.
> (mais est ce qu'il ne confond pas la quantité de
documents
représentant
> le soi et leur qualité?) On veut autre chose que
soi. Le
numérique
> intervient là aussi: effet immédiat sur
nous de l'image.
Le propos prète à discussion : chacun a vu des
images du Taj-Mahal,
ou le portrait de Robet Hue. Que peut faire un photographe
confronté pour la millième fois au même
sujet : il est
contraint à une image différente, celle-ci
étant forcément
image de son moi.
L'image photo est-elle une fenêtre ou un miroir ?
@+
Patrick
site : http://perso.wanadoo.fr/patricksmith.photosite
De: Olivier Bigaré
<olivbig@cybercable.fr>
Objet: Re: France Culture/ S. Tisseron/ Photo et inconscient
Date : mercredi 16 juin 1999 10:18
Regardes !
on passe beaucoup plus de temps à prendre ses photos
qu'à les
regarder. non?
De: Frederic Goudal <goudal@enserb.u-bordeaux.fr>
Objet: Re: France Culture/ S. Tisseron/ Photo et inconscient
Date : mercredi 16 juin 1999 10:42
"Olivier Bigaré" <olivbig@cybercable.fr>
writes:
> Regardes !
> on passe beaucoup plus de temps à prendre ses
photos qu'à
les regarder. non
> ?
Heu : temps pour une photo : environ 10/20s.
Si tu fais des photos qui ne valent moins de temps de visionage...
Sinon il existe un bel objet qui s'appelle cadre, on met une
photo dedans, on la met au mur. Si la cheville est bien
fixée ça
dure plus de 10/20s...
f.g.
--
FiLH photography. A taste of freedom in a conventional world.
Web: http://www.i-france.com/filh
e-mail goudal@enserb.u-bordeaux.fr
FAQ fr.rec.photo : http://www.enserb.u-bordeaux.fr/~goudal/frp/faq.html