Suivant ses indications, je les ai observés en septembre 2003 à Lachapelle sous chaux (90). Il s'agit de masses ayant une taille allant de la balle de tennis au balllon de football voir plus. Elle semblent fixées au départ sur un support qui peut être fragile comme un brin d'herbe et les libérer en se rompant.

 

Observé à la loupe, il apparaît en surface de petits panaches rétractiles qui sont les individus ou polypes de ces animaux coloniaux. L'intérieur de la masse est constitué d'une gelée assez consistante pour se découper au couteau. La mort des polypes laisse un réseau en surface imitant le squelette de certains coraux.

A plus fort grossissement, il apparaît sur les polypes une couronne de tentacules en forme de fer à cheval, caractéristique de bryozoaires d'eau douce (ordre des Phylactolèmes= Lophopodes). L'espèce, signalée en Franche comté depuis 1994 par S.Rodriguez et J.P. Vergon et connue des pêcheurs de la région des mille étangs, est nommée: Pectinatella magnifica Leidy 1851. Elle n'est pas répertoriée dans mes faunes mais j'ai pu trouver des descriptions et des photos d'amateurs sur internet. Elle est présente au moins au Japon et en amérique du nord (Canada et Etats unis).

Les polypes semblent produire des masses verdâtres (pelotes fécales?). Ils portent des taches blanches dont je ne connais pas l'origine. A un moment donné, ils se transforment massivement en disques de 2 à 3mm bordés de crochets caractéristiques, qui sont des formes de résistance à l'hiver . Elles sont nommées statoblastes.

 

L'important développement des colonies observé cette année s'inscrit il dans le cadre d'un envahissement de la région par l'espèce ?
ou provient il des conditions climatiques exceptionnelles de canicule de cet été?

La réponse semble positive à ces deux questions: L'espèce a été décrite en 1851 dans la région des grands lacs nords est américains. Elle a été signalée en 1883 à Hambourg, puis de façon de plus en plus large en europe de l'est. La 1ere mention au Japon date de 1973, en Corée de 1995. Bien que des auteurs ont pensé l'espèce cosmopolite à l'origine (elle aurait pu passer inaperçue), il semble plus probable qu'elle soit endémique d'Amérique du nord au départ. La taille des colonies fait penser qu'elles n'auraient pas échappé à des observateurs asiatiques durant tout le XXe siècle. En Europe, l'extension s'est faite sur un axe nord sud de Hambourg à la Roumanie, puis en France de façon concentrique dans les départements adjacents au territoire de Belfort depuis1994.

Les auteurs signalent la relative thermophilie de l'espèce : "prospère dans les eaux de température supérieures à 20°", "maximum d'activité au milieu de l'été en zone tempérée"

Cette situation est suivie par l'administration:
une enquète se poursuit sous l'égide de la DIREN Franche comté, relayée par l'Association Française de Limnologie au niveau national.
Vous pouvez les contacter pour transmettre vos informations.

Bibliographie:

Rodriguez S. et Vergon J.P., "Pectinatella magnifica Leidy 1851 (Phylactolaemates), un bryozoaire introduit dans le nord Franche-Comté",
Bull. Fr. Pêche Piscic., 2002, 365-366 : 281-296

Masato Hirose, "About Freshwater Bryozoans-Pectinatella magnifica-"
http://www.ipe.tsukuba.ac.jp/%7Es010790/homepage.html

A. Richard Miller, "Moss animals invade lake Cochituate"
http://www.millermicro.com/bryozoa.html

Remerciements:

à Françoise BUNCH, Chargée de la Documentation au Conseil Supérieur de la Pêche pour la communication de l'article de S.Rodriguez et J.P. Vergon

à Thierry Malvésy pour l'autorisation de reproduire une de ses photos

Daniel Nardin 25 septembre 2003

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